Notre société est souvent qualifiée d’individualiste et d’égoïste. Mais il semble que les défis auxquels nous allons devoir faire face et la crainte qu’ils engendrent, réveillent dans des cas de plus en plus nombreux la volonté de s’engager collectivement. On ne compte plus, dans les domaines les plus diverses, les regroupements, associations, ou toute autre forme de collectif, dont l’objectif est d’être plus fort ensemble.
Il en de même dans les entreprises, les collaborateurs aspirent à plus de collaboration et souhaitent participer à la construction des solutions du futur.
Si cette envie est bien réelle, il faut créer les conditions pour qu’elle puisse s’exprimer et donner un cadre qui permette de collecter et concrétiser les idées nouvelles.
Pour réussir ce challenge, 3 étapes paraissent clés.
L’exploration
Cette étape est primordiale pour générer une production d’idées riches et variées. Elle peut être assimilée à la période d’échauffement d’un sportif. Il faut se mettre en condition, commencer à mobiliser son esprit pour qu’il soit productif pendant la course.
Concrètement cela consiste à mettre à disposition des participants de l’information afin qu’ils s’imprègnent du sujet et se l’approprient. Ces sources d’inspiration doivent être variées en termes d’origine, de point de vue ou de format. Il peut s’agir d’articles, d’études de marché, de témoignages ou toute autre ressource qui alimente la connaissance du domaine. Il ne faut pas hésiter à déborder du sujet stricto sensu et apporter des éclairages sur des technologies ou des marchés connexes.
Cette étape permet d’aller plus vite vers une production d’idées réellement nouvelles. L’expression des idées les plus courantes est nécessaire et ne sera pas évitée mais un esprit bien nourri passera plus vite à un stade plus avancé de sa réflexion.
Chacun ira piocher dans cette bibliothèque de contenus et commencera à se forger un point de vue, à faire des associations et à penser plus large.
Dans nos sociétés pressées, toujours avides d’un résultat rapide, ce temps de réflexion est souvent sacrifié sur l’autel de l’efficacité. Bien au contraire d’une perte de temps, c’est souvent un gage de qualité et de richesse pour la suite du processus. Car l’enjeu est bien de produire des idées qualitatives qui pourront aboutir concrètement à un concept innovant.
L’idéation
C’est la phase la plus ludique et bien menée elle peut conduire à la production d’une masse d’idées et de contributions très riche.
Voyons quelles sont les conditions pour arriver à ce résultat.
La production d’idées doit être accessible et visible par toute la communauté. Une succession d’idées collectées, sans interactions possibles, n’engendre pas la créativité. Chacun doit pouvoir commenter, compléter, donner son point de vue. Un concept innovant naît très rarement d’une idée brute isolée. C’est l’association d’idées complémentaires qui conduira à l’originalité.
Sans animation, la communauté peut vite s’épuiser. Il faut encourager sous diverses formes la participation du plus grand nombre. L’intérêt peut être suscité par l’animation de débats, ou la confrontation de points de vue décalés. Ces échanges peuvent se faire en ligne, mais l’organisation de temps forts permet de fédérer les équipes.
Clamer haut et fort que les contributions de chacun seront lues et analysées, conditionne fortement la motivation à s’impliquer. Soyez transparent et annoncez des règles claires sur la manière dont les idées seront triées et sélectionnées. Les votes de la communauté représentent souvent un premier filtre plein de bon sens.
L’incubation
Cette étape consiste à passer d’un pool d’idées potentiellement bonnes, à un concept robuste qui va rencontrer un marché.
Pour cela, les idées les plus prometteuses vont devoir être analysées sous toutes leurs facettes, la faisabilité devoir être éprouvée, un business model calculé. À cette étape, des experts vont intervenir, chacun dans leur domaine de compétence. Le piège à éviter est de refermer le projet et de ne travailler qu’avec un petit cercle de spécialistes. A ce stade le concept est loin d’être finalisé et en général de nombreuses options sont encore possibles.
Il faut donc alterner les phases de travail des experts et celles où le collectif va être relancé sur les zones à creuser, afin de collecter des réactions et des commentaires.
La réussite d’un projet repose donc sur la capacité à mobiliser l’intelligence collective à toutes les étapes d’un projet.
Une première expérience d’intelligence collective sera probablement imparfaite. L’important est d’identifier ce qui a bien fonctionné, de capitaliser sur ces points forts et surtout de mettre en avant auprès des participants les fruits de leur contribution. La communication et la restitution fondent les bases des projets suivants. Un projet one shot aura des impacts limités, c’est la mise en place d’une véritable culture de l’intelligence collective qui conduira aux véritables transformations de l’entreprise.
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